MA PREMIÈRE RENCONTRE AVEC IMMORTELLE FLOWERS PAR LA FONDATRICE D'ODACITÉ

L'été de mon septième anniversaire, mes parents décidèrent de partir du sud de la France pour la magnifique Corse. Si mon père était un excellent marin, ni ma sœur de neuf ans ni mon frère de cinq ans n'avaient jamais mis les pieds sur un bateau. Nous étions tous les trois ravis de nous lancer dans cette aventure.

Je me souviendrai toujours de cette belle matinée où nous avons mis les voiles pour traverser la Méditerranée qui sépare la France de la Corse. Nous avons dormi jusqu'au petit matin pendant que mon père quittait le port.

En arrivant sur le pont, le soleil se levait et la côte française disparaissait au loin. Ma mère avait préparé du chocolat chaud pour nous trois et, après avoir pris soin de faire un saut à la boulangerie avant de partir, nous nous sommes réveillés avec des croissants frais… c'était magique.

La magie a duré quelques heures, puis une tempête vraiment violente a frappé. Ma sœur a commencé à être très malade, ce genre de mal de mer qui vous rend si malade qu'il vous faut vous allonger près d'un seau pour vider vos tripes. Ma mère l'a emmenée sous le pont et est restée à ses côtés tout au long du voyage, tandis qu'elle était de plus en plus malade. C'était la première fois que je comprenais le sens de l'amour inconditionnel.

Mon frère et moi étions sur le pont, gilets de sauvetage sur les épaules et sifflet à la bouche. Mon père m'avait demandé de surveiller mon petit frère et que si l'un de nous tombait par-dessus bord, il suffirait de siffler pour qu'il nous retrouve !

Tandis que je regardais les énormes vagues s'écraser sur le bateau et que je ressentais la force du vent, je me demandais comment mon père pourrait bien entendre un sifflement. Mais c'était la personne en qui j'avais le plus confiance au monde, et s'il disait que tout allait bien… c'était vrai.

Après 8 heures de navigation éprouvante, nous avons enfin atteint la côte corse. Quel soulagement de revoir la terre ferme ! Ma sœur a jeté un coup d'œil hors de la cabine, elle était furieuse ! Ma belle maman était épuisée, mais débordante d'énergie. « Allez les filles, le meilleur remède contre le mal de mer, c'est de descendre à terre ! » Les « garçons » sont restés à bord, nous avons nagé jusqu'au rivage et je jure qu'à l'instant où ma sœur a posé le pied sur la terre ferme, c'était comme si elle revenait à la vie.

Une magnifique colline derrière la plage resplendissait de fleurs. C'était la première fois que je voyais des immortelles. Ma mère m'a expliqué que ces fleurs extraordinaires s'appelaient Immortelle parce que leur parfum est immortel. Nous avons confectionné de gros bouquets que nous avons attachés et laissés sécher à l'envers dans le bateau. Tout l'été, un parfum divin aux notes de réglisse pailleuse et de miel a enveloppé notre voyage le long des côtes corses. Une fois les « grandes vacances » terminées, il était temps de rentrer à Paris. J'étais terriblement triste de quitter la vie de nomades de la mer… pour me remonter le moral, ma mère nous a dit : « L'année prochaine, quand vous reviendrez, elles sentiront la même chose »… et c'est ce qui s'est passé !

Bien des années plus tard, à la recherche d'ingrédients capables de faire reculer le temps, j'ai reçu un échantillon d'Hélichryse (nom latin de l'Immortelle) de Corse. En ouvrant la bouteille, tous ces souvenirs d'enfance me sont revenus avec tant d'émotion : mon père n'était plus parmi nous, mais le souvenir de ce voyage était aussi vif qu'hier.